Lettre à ma fille

Samedi dernier, tu as eu un mois, un mois pour toi, trente jours de pur bonheur pour nous.
Un mois que tu as bouleversé nos vies, un mois que nous nous réveillons à tes côtés avec un grand sourire, un mois que nous nous posons mille questions pour te donner le meilleur.
Nous apprenons tous les jours avec toi, le métier de maman/papa n’est pas toujours facile, nous sommes fatigués, mais nous sommes les parents les plus heureux de la Terre.

Six ans déjà que nous t’attendions. Il y a quelques jours, j’ai réalisé que si tu étais arrivée tout de suite, tu ferais ta rentrée en CP en septembre prochain, peut-être dans mon école, peut-être même dans ma classe, je ne sais pas. J’ai moi-même eu ta grand-mère comme maîtresse de CP…
Mais si c’était le cas, nous aurions eu un autre enfant, que nous aurions aimé tout autant, mais qui n’aurait pas été TOI. Alors, chaque jour depuis ta naissance, je mesure notre chance et je remercie la PMA de nous avoir menés jusqu’à toi. C’est finalement grâce à ce long et difficile parcours, grâce à tous nos échecs de FIV classiques que tu es là.

Et dire qu’au début de notre parcours je ne voulais pas entendre parler du don ! Mais c’est grâce à cette donneuse anonyme et à son petit oeuf que nous te portons dans nos bras. Nous ne la remercierons jamais assez.
Quand tu me connaitras un peu mieux, tu comprendras à quel point je suis attachée à ma famille, qui est aussi la tienne maintenant et combien j’ai eu du mal à renoncer à mon patrimoine génétique. Pendant longtemps, j’ai trainé des angoisses liées à ce don, même après avoir fait ce choix avec ton papa et même quand tu grandissais dans mon ventre. J’avais peur de ne pas t’aimer suffisamment, pas autant que mes neveux, tes cousins. J’avais peur de ne pas te trouver assez jolie, de ne pas aimer ton odeur. Foutaises ! Ces peurs se sont effacées à l’instant même de ta naissance, au moment où on t’a présentée à moi. Je n’oublierai jamais cette rencontre : tu t’es arrêtée de pleurer quelques secondes, tu m’as regardée dans les yeux et tu t’es remise à pleurer ensuite. On t’a emmenée pour les premiers soins et moi je n’arrivais pas à m’arrêter de pleurer, j’évacuais un trop plein d’émotions…

Les peurs se sont envolées, mais je n’oublie pas et n’oublierai jamais ce don. Il fait partie de ton histoire, de notre histoire et on nous le rappelle régulièrement. On me dit : « Tu m’envoies une photo stp ? Je veux voir combien cette petite fille ressemble à sa maman ! », ou bien « Elle te ressemble, c’est un truc de fou ! ». A l’inverse, ta grand-mère maternelle, ma maman, qui est pourtant au courant de tout, me dit : « Ah mince, elle a hérité de (…) de nous ! ». Je ne sais pas si elle n’a pas bien compris le principe du don, si elle l’a déjà oublié, ou si elle fait semblant. Peu importe la raison, je souris et ne relève pas.

Alors, non, nous ne partageons pas de gènes communs toi et moi, mais ça m’est bien égal; au contraire, je ne voudrais pour rien au monde que tu sois quelqu’un d’autre que toi.
J’aime tes jolis yeux en amande, tes joues bien rondes, ton nez minuscule, tes lèvres si fines et ton petit menton;
J’aime enfouir mon nez dans tes petits cheveux pour m’enivrer de ton odeur;J’aime quand tu serres mon doigt dans ta petite main;
J’aime quand tu me regardes pendant la tétée ou quand tu t’endors sur mon sein;
J’aime quand tu souris « aux anges »;
J’aime quand tu pousses de petits cris, même si je ne les décode pas;
J’aime lire le bonheur de ton papa sur son visage quand il te regarde;
J’aime quand tu t’agites, quand tu pédales ou quand tu tapes du pied comme Pan-Pan le lapin .

Tu es toi et tu es mon amour, le plus grand de ma vie.
Vive le don !

 

Je profite de cet article pour vous remercier chaleureusement pour tous vos gentils messages à la naissance de Zébulette. Je n’ai pas eu le temps de vous répondre, je ne sais pas pourquoi ;-), mais le coeur y est ! De la même façon, je ne suis plus très présente sur la blogo en ce moment et je commente très peu, mais je vous lis et continue de suivre vos aventures pmesques… Portez-vous bien !

 

56 réflexions sur “Lettre à ma fille

  1. Coucou Fortuna
    J ai des frissons en te lisant. Je te remercie du fond du cœur pour ce joli article rempli d espoir et d amour.
    Je vous souhaite à tous les 3 plein de magnifiques choses..des petits et des grands bonheurs.. ❤️❤️❤️❤️
    Et vive le don !!

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      • C’est dingue… je suppose que t’as fait vérifier que ça venait pas de la bouche de ta fille (frein trop court, bouche pas assez ouverte) on tester différentes positions d’allaitement? Sinon contacter la leche league?

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      • Après 3 conseillères en lactation (une que j’ai eu au téléphone, une qui est venue à la maison et une qu’on est allés voir) et un ostéopathe, on a tout vérifié et on ne sait pas d’où ça vient :-(. J’ai l’impression que ça va durer tout l’allaitement, c’est dur…

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      • Merci pour ton petit mot ! Tout va bien, rien de particulier ici, on attend La rencontre ! 🙂
        J’ai du mal à écrire sur mon blog ces temps ci, déjà parce qu’on est très occupés mais surtout parce que les mauvaises nouvelles de la blogo me rendent bien triste et j’hésite bcp à donner des nouvelles…
        Plein de bisous ma jolie Fortuna !

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  2. DES ANNEES D’AMOUR… Un parcours difficile, un combat mené a bout…une magnifique histoire… et une très jolie princesse venue au monde pour le plus grand bonheur de ses parents… longue vie à vous 3… 💖💖💖Soyez heureux… zébulette si ça c’est pas une belle preuve d’amour eh 😉?! Gros bisous…

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    • Merci Boupe ! C’est super que le don ne t’ effraie pas, moi j’ai quand même pas mal cogité avant qu’on se lance et même pendant la grossesse; mais c’est déjà bien loin maintenant ;-).
      Quant à la peur de l’échec, c’est bien normal, mais dis-toi qu’on repart à zéro avec le don et que les chances sont bien plus grandes ! Bises

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  3. Bonjour Fortuna,
    Je découvre au réveil ton blog et ce billet…
    Je ne réussis pas à retenir les larmes. Déjà plus de 18 mois que nous attendons pour un don d’ovocytes.
    Cette attente me permet de mieux accepter, je crois, le renoncement à mon patrimoine génétique mais certains jours, les doutes reviennent. Ces jours-là, à partir de maintenant, je relirai cette lettre qui me les fera oubliés. Et qui fera renaître l’espoir aussi.
    Je n’aurai donc qu’un mot : merci ! Je vous souhaite plein d’amour et de bonheur dans cette vie à trois.

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    • Merci pour ton passage ici Blanche. Tant mieux si mon article t’a redonné espoir, c’est aussi pour ça que j’ai ouvert mon blog. Si mon témoignage peut servir à d’autres couples, c’est vraiment super.
      La situation du don de gamètes est catastrophique en France, surtout le don d’ovocytes. Quand j’ai commencé à y penser, après notre 1er échec de fiv, j’avais 39 ans et le biologiste n’a même pas voulu nous inscrire sur la liste d’attente, il nous a dit : « vous êtes trop vieille, il faut songer à l’adoption »… Certes, je n’étais pas toute jeune, mais à moins de 43 ans, on est encore à temps normalement… Bref, il faudrait que ça change…
      Je te souhaite de ne plus trop attendre pour ce don, avec joli bébé au bout ! Bon courage.

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