Je vous ai laissés avec mon dernier article « This is the end », mon taux de bHCG effondré et cette deuxième grossesse qui n’existerait pas. J’ai espéré que mes règles arrivent vite et mon voeu a été exaucé. Je n’aurais pas espéré mieux: des règles qui ne se sont pas faites attendre, presque sans douleur et pas très abondantes (contrairement à ma fausse couche précédente). Bien avant le résultat, nous avions décidé que c’était notre dernière tentative (puisque c’était notre dernier embryon) et il fallait s’y tenir. Dans la foulée, nous sommes partis en vacances et j’ai essayé d’oublier… J’avais le coeur lourd, mais avec mon mari nous avons évité d’en parler pour ne pas trop y penser. Difficile tâche, impossible tâche même.
En réalité, c’était trop difficile de m’y résoudre et je n’ai pas pu m’empêcher de chercher un échappatoire à notre décision. J’ai envoyé un mél à la clinique pour demander si, à tout hasard, notre donneuse serait disponible et partante pour un nouveau don d’ovocytes pour nous. La réponse a été rapide et sans appel: la donneuse ne souhaitait plus faire de don. Point. Bien sûr, la clinique nous a proposé un nouveau cycle de FivDO, avec une nouvelle donneuse. C’était tentant, très tentant. Zébulette et notre éventuel petit deuxième n’auraient pas le même patrimoine génétique, mais puisque je me fiche bien des gènes, je me suis dit « Pourquoi pas? ». J’ai rapidement pris un rendez-vous de consultation d’avis préconceptionnel à la Maternité Port-Royal à Paris. Le Dr D. le demande à ses patientes de plus de 45 ans, mais c’était surtout pour moi que je le faisais, pour connaître les risques encourus et être rassurée (ou pas). Ce rdv était prévu lundi prochain et je l’ai annulé.
Je vous épargne toutes nos tergiversations, mais après une véritable discussion, non sans larmes, mon mari et moi avons décidé d’en rester là. C’est sans doute un événement dramatique qui a précipité notre choix. En effet, le week-end dernier, un amie a perdu sa jeune soeur et ça a remué pas mal de choses en moi (certains d’entre vous savent que j’ai perdu mon frère l’an dernier, il s’est suicidé).
Mais ce n’est pas tout. Malheureusement, aucune garantie n’est donnée quand on s’engage dans un parcours de PMA. On peut y rester des mois, voire des années, y laisser des plumes (avec toutes ces hormones qu’on absorbe pendant les traitements) et se retrouver sans bébé au bout. De plus, la FivDO majore les risques de la grossesse (saignements du premier trimestre, pré-éclampsie, hypertension, diabète, etc.) et ça me fait peur. Parce que si ma grossesse pour Zébulette s’est très bien passée, ça ne présage en rien d’une deuxième grossesse: on se jetterait dans l’inconnu avec des embryons issus d’une nouvelle donneuse. Concernant la pré-éclampsie, je suis une « personne à risques » pour trois bonnes raisons: je souffre d’une maladie auto-immune (syndrome de Gougerot-Sjögren), la grossesse serait issue d’un don d’ovocytes et j’ai plus de 40 ans. D’ailleurs, si cela vous intéresse, allez lire cet article de Bamp sur la pré-éclampsie. Enfin, à cause de mon grand âge (45 ans), il y aurait aussi un risque de prématurité plus élevé.
Nous avons accepté de prendre tous ces risques pour avoir Zébulette, mais nous ne sommes pas prêts à les prendre de nouveau dans notre situation actuelle. J’ai 4 ans de plus qu’à l’époque, je suis fragilisée par tous ces événements survenus dans ma vie depuis un an et demi (le décès de mon frère et les deux fausses couches) et je suis fatiguée. Il y a une semaine, j’ai demandé à mon médecin traitant une prescription pour un bilan sanguin complet et il m’a dit: « on va étudier la piste biologique, mais la fatigue peut venir de toutes ces contrariétés ». Alors j’ai pensé « et si c’était la dépression? », ce ne serait pas étonnant vu mon terrain génétique… Il se trouve que tout est normal, sauf une TSH un peu basse (0,49), ce qui expliquerait ma fatigue (et ma perte de cheveux). Il faut que je prenne soin de moi désormais et se lancer dans une nouvelle FivDO demanderait encore beaucoup de temps et d’énergie. Je n’en ai plus assez et ma famille non plus. Zébulette a le droit de profiter de ses parents pleinement elle aussi.
Je ne vous dis pas que cela va être facile, c’est un nouveau deuil à faire, celui d’une famille de 4, celui d’un petit frère ou d’une petite soeur pour notre fille. Nous aurons toujours un pincement au coeur quand Zébulette va nous le réclamer, quand il faudra lui expliquer, quand d’autres enfants vont naître autour de nous… Oui, j’aurais souhaité que ma fille connaisse les petits bonheurs de la fratrie, les jeux complices, les souvenirs communs, la fierté d’être grande soeur et de s’occuper d’un plus petit. Pendant ces derniers essais, elle nous disait par exemple: « je vous aiderai à changer les couches du bébé ». J’aurais aussi souhaité qu’elle ne soit pas seule avec de vieux parents (ce n’est déjà pas un cadeau pour elle qu’on l’ait eu tard, encore moins en étant fille unique je trouve). J’aurais souhaité qu’elle puisse avoir des neveux, que ses enfants puissent avoir des cousins… et j’en passe…
Notre vie à trois nous comble et il faut qu’on pense un peu à nous maintenant, qu’on vive en appréciant ce qu’on a déjà, la vie est trop courte, n’est-ce pas?
Pour information, je ne ferme pas mon blog, il reste le témoignage d’un parcours en PMA parmi tant d’autres et sur le don d’ovocytes en particulier. La blogosphère m’a tant aidée moi-même pendant si longtemps… d’ailleurs UN GRAND MERCI pour toutes ces années où nous avons été frères et soeurs de galère… Je continue de vous lire, même si je commente peu et je continuerai de relayer des articles sur le don d’ovocytes et autres.
Ces temps-ci et pas pour les mêmes raisons, je pense bien à Nirnaeth, à Ptbichon et à Endolorie, que la force soit avec vous…